Soutenance de Thèse Julien NOWAK
01 février 2019, 9h, IUT, amphi 1A14, Univeristé de Lille, Campus Cité scientifique
Evolution expérimentale de Noccaea caerulescens en condition de stress métallique : impact sur l’évolution de traits fonctionnels potentiellement impliqués dans la tolérance aux métaux
Date : 01 février 2019, 9h
Lieu : IUT, amphi 1A14, Univeristé de Lille, Campus Cité scientifique
Titre : Evolution expérimentale de Noccaea caerulescens en condition de stress métallique : impact sur l’évolution de traits fonctionnels potentiellement impliqués dans la tolérance aux métaux
Résumé : Les activités humaines génèrent des stress environnementaux pouvant entrainer l’extinction des populations végétales. Dès lors, la survie de ces populations nécessite l’évolution rapide de traits adaptatifs, qui augmenterait leur capacité de tolérance à ces stress d’origine anthropique. Par exemple, la colonisation d’un site métallifère nécessite l’évolution d’une capacité à tolérer les fortes concentrations en éléments traces métalliques (ETM) dans le sol. La tolérance aux métaux est ainsi généralement plus élevée chez les espèces se développant exclusivement sur sols métallifères (métallophytes strictes), et dans les populations métallicoles des espèces se développant occasionnellement sur sols métallifères (pseudométallophytes). Néanmoins, les mécanismes évolutifs permettant une augmentation de la tolérance aux métaux restent mal compris.
Dans ce contexte, un projet d’évolution expérimentale a été initié dans le but d’observer l’effet du zinc sur l’évolution d’une population non-métallicole de l’espèce pseudométallophyte, Noccaea caerulescens. Pour cela, plusieurs populations métallicoles et non-métallicoles ont été échantillonnées afin de constituer quatre populations expérimentales (EP) qui ont été cultivées en mésocosme. Une EP d’origine non-métallicole a été exposée à un sol non contaminé (EP 1 ), deux EP d’origine non-métallicole ont été exposées à sol contaminé à 750 mg.kg -1 de zinc (EP 2 et EP 3 ) et une EP d’origine métallicole a été exposée à un sol contaminé à 750 mg.kg -1 de zinc (EP 4 ). A chaque génération, la performance de chaque individu a été mesurée, et les graines récoltées, de façon à construire la génération suivante. Après deux générations, plusieurs réplicas des populations dérivées et ancestrales de chaque EP ont été cultivées en conditions contrôlées dans différentes conditions d’exposition au zinc (750 mg.kg -1 et 2000 mg.kg -1 ). Leurs capacités de tolérance ont été évaluées à travers la mesure de plusieurs traits fonctionnels.
Les résultats de cette étude montrent que le zinc représente effectivement une pression de sélection pour les populations non-métallicoles de Noccaea caerulescens, qui entraine une surreprésentation de certaines descendances à la génération suivante. Cette sélection semble avoir affecté de façon similaire les deux populations expérimentales d’origine non-métallicoles soumises au zinc (EP 2 et EP 3 ). En comparant différents traits fonctionnels morphologiques, physiologiques et phénologiques, potentiellement impliqués dans la tolérance aux métaux entre populations dérivées et ancestrales, nous observons une réponse phénotypique forte des populations EP 2 et EP 3 avec, notamment, une augmentation significatives de quasiment tous les traits morphologiques en lien avec la croissance des individus (nombre de feuilles, surface de la plante, hauteur de la plante, etc.).
Mots clés : Evolution expérimentale, adaptation locale, Noccaea caerulescens, hyperaccumulation, tolérance aux métaux, pression de sélection
Abstract :
Human activities generate environmental stresses that can lead to the extinction of plant populations. Therefore, the survival of these populations requires the rapid evolution of adaptive traits, which would increase their ability to tolerate these anthropogenic stresses. For example, the colonization of a metalliferous site requires the evolution of an ability to tolerate high concentrations of metal trace elements (MTE) in the soil. Thus, metal tolerance is generally higher in species growing exclusively on metalliferous soils (strict metallophytes), and in metallicolous populations of species growing occasionally on metalliferous soils (pseudometallophytes). However, the evolving mechanisms for increasing metal tolerance remain unclear.
In this context, an experimental evolution project was initiated to observe the effect of zinc on the evolution of a nonmetallicolous population of the pseudometallophyte, Noccaea caerulescens. For this purpose, several metallicolous and
nonmetallicolous populations were sampled to form four experimental populations (EP) that were cultured in mesocosm. One non-metallicolous EP was exposed to uncontaminated soil (EP 1 ), two non-metallicolous EPs were exposed to contaminated soil at 750 mg.kg -1 of zinc (EP 2 and EP 3 ) and one metallicolous EP was exposed to contaminated soil at 750 mg.kg -1 of zinc (EP 4 ). In each generation, the performance of each individual was measured, and the seeds were harvested, in order to build the next generation. After two generations, several replicas of the derived and ancestral populations of each EP were cultivated in controlled conditions under different zinc doses (750 mg.kg -1 and 2000 mg.kg -1 ). Their tolerance abilities were assessed through the measurement of several functional traits.
Results of this study showed that zinc represent a selection pressure for nonmetallicolous populations of Noccaea caerulescens, leading to an over-representation of some offspring in the next generation. This selection seemed to similarly affected EP 2 and EP 3 . Comparison of different morphological, physiological and phenological functional traits, potentially involved in metal tolerance, between derived and ancestral populations showed strong phenotypic response of EP 2 and EP 3 with a significant increase in almost all morphological traits related to individual growth (number of leaves, plant surface, plant height, etc.).
Keywords: experimental evolution, local adaptation, Noccaea caerulescens, hyperaccumulation, metal tolerance, selective pressure
Jury :
- Christine D ILLMANN , Professeur, Université Paris-Sud – Rapportrice
- Denis VILE , Chargé de Recherche, INRA SupAgro, Montpellier, Rapporteur
- Agnès M IGNOT , Professeur, Université de Montpellier, Examinatrice
- Thibault S TERCKEMAN , Ingénieur de Recherche, INRA, Nancy, Examinateur
- Pascal T OUZET , Professeur, Université de Lille, Examinateur
- Maxime P AUWELS , Maître de conférences, Université de Lille, Invité
- Hélène F REROT- P AUWELS , Maître de conférences, Université de Lille, Directrice